samedi 19 mars 2011

C'était pas des vacances ...

Me revoici! Cela fait quelques temps que je n'ai pas tenu le journal "I'm a cooker", mais j'étais tombée dans une marmite, puis j'ai trébuché sur la porte du four avant de m'enfoncer un couteau dans le doigt ... sérieusement, je reviens au vif du sujet!

Déjà plus de 2 mois que je vogue entre les casseroles et les coups de feu. Mon chef me demande un bilan écrit. Il veut savoir où je me situe, ce que je pense avoir appris et ce que j'attends encore de cette expérience. Vous l'aurez remarqué par ces chroniques, mon chef est un personnage atypique qui me réserve chaque jour de nouvelles surprises. Parfois bonnes ou étonnantes, parfois plus désagréables ...

Puisqu'il faut que je me pose la question, je peux dire que j'ai beaucoup appris en quelques semaines. Pêle-mêle : Que "la cuisine au restaurant, c'est pas la cuisine de mémère, on n'est pas à la maison ici!". Qu'un service, ça se prépare des heures à l'avance et qu'on paie cher les oublis lors de la mise en place. Par ricochet, j'ai appris qu'un client veut toujours ce que l'on n'a pas pensé à préparer à l'avance. C'est quand on a 10 kilos de lasagnes à passer que justement il n'en veut pas mais qu'il préfère ce plat que l'on a plus (et qu'on va se tuer à lui refaire, juste pour lui, comme si c'était pas suffisamment stressant!). 

J'ai appris aussi qu'être chef de cuisine c'est diriger une équipe mais aussi la soutenir et l'orienter. C'est fou l'impact que le chef peut avoir sur l'ambiance du restaurant tout entier. Alors que les tracas de chacun sont mis de côté pendant les heures de service, les humeurs du chef conditionnent le déroulement de la journée. Cette semaine en particulier, les tensions ont été fréquentes en cuisine car mon chef était d'une humeur de chien galeux abandonné sur un bord d'autoroute! 

La journée de mardi fût épique : alors que la voix monte fort entre le chef et le patron en plein service, nous sommes handicapés par des coupures d'électricité à répétition. Il faut à chaque fois tout remettre en route, pour que la minute d'après les plombs sautent à nouveau. Quand les bons de commande s'accumulent et que l'on avance pas, chaque seconde passée dans la pénombre semble une éternité ... J'essaie de ne pas relâcher le rythme et je fais tout ce que je peux pour sortir tant bien que mal le maximum d'assiettes. Je dois avouer que j'ai presque la larme à l'œil ... De son côté, le chef marmonne dans sa barbe et puisque j'étais là, j'ai pris : 
- "Bon, tu vas les sortir ces assiettes ?! On avance là!"
- "C'est ce que je fais, je ne suis pas en vacances!" (Ouhhhhh l'insolente! C'est sorti tout seul, tellement j'étais déjà à ce qui me semblait être mon maximum de gestion du stress!)
- "Je te demande pas si t'es en vacances, je te demande de sortir les assiettes et quand je te demande un truc, tu le fais!"

Bon ... après ça nous n'avons pas échangé plus que les formalités d'usage ... il a fallu attendre le surlendemain pour que l'ambiance se détende. Petit à petit, le chef est redevenu aussi drôle et sympathique que d'habitude. La cuisine s'est apaisée, et le restaurant aussi. Moralité : un chef en colère et toute la maison est à terre (vieux proverbe parisien ...)

4 commentaires:

  1. Ha ha, et dire que nous clients on sait même pas les drames qui se jouent en cuisine !

    RépondreSupprimer
  2. Tu vis une sacré expérience !! J'adore le 'je ne suis pas en vacances" bien dit ;)

    RépondreSupprimer
  3. Alors, là bien envoyé ! Non mais, s'il continue, je vais le voir et je lui dis : halte au harcèlement !
    Myriam

    RépondreSupprimer