jeudi 16 septembre 2010

Tarte à la crème, Kitsch et Sucreries


C'est une bonne définition de la pâtisserie indienne. La mondialisation et le tourisme de masse ont amené dans le pays différents cookies, muffins, et autres barres chocolatées. Mais les pâtisseries que les indiens confectionnent traditionnellement sont plus proches de ce que l'on trouve au Moyen-Orient. Une avalanche de sucre mêlé à de la pâte d'amande ou de la pâte à friture. Du sirop à la rose, à la cardamome ou à la fleur d'oranger. Des bouchées roses, oranges ou vertes. C'est trop, mais c'est bon.


Dans la ville de Bhopal, nous nous sommes longuement promenés dans le bazar, appelé "New Market". Dans le labyrinthe de petites ruelles, nous avons trouvé cette grande pâtisserie où nous avons dégusté ces fameuses petites bouchées sucrées, directement debout devant l'étal dans des caissettes en papier. Les boules que l'on voit en bas de la vitrine baignent dans du sirop à la cardamome. Ce sont les gulab jamun dont j'ai déjà parlé dans l'article sur les épiceries indiennes à Paris. Celles-ci sont blanches mais il existe un nuancier de couleurs allant jusqu'au marron foncé, en fonction du degré de friture que ces sucreries ont subies.

Une autre pâtisserie, de la pâte d'amande en vitrine

Quelques rues plus loin, nous entrons dans la rue dédiée aux gâteaux de fête. Plusieurs pâtisseries se succédant, toutes serrées les unes aux autres et chacune rivalisant de gâteaux de formes et de couleurs plus extravagantes.


Ces produits sont achetés par une classe moyenne à peine naissante en Inde, et par les plus aisés. L'appartenance à une classe sociale est fortement marquée par différents indices révélant le niveau de vie. Il est flagrant que chaque indien appartient à une catégorie de population déterminée et ne pourra jamais en sortir. Les codes sociaux très rigides rangent le peuple dans des castes et imposent à chacunes des habitudes et des goûts communs. Les indiens fortunés aiment le kitsch, les brillants et les gros téléphones portables. J'imagine ces gros gâteaux à la table d'une famille d'indiens fortunés fêtant l'anniversaire de leur dernier fils, fierté de la famille et portrait craché du père bedonnant, la moustache en moins. Ces pâtisseries sont à l'image de la mode indienne, clinquante, très colorée et souvent ringarde ... C'est trop mais l'important c'est que ça en mette plein la vue !

Dans la petite ville d'Orchha, nous avons également découvert d'autres pâtisseries. Des petites boutiques s'agglutinent aux abords du temple où les habitants vont prier tous les soirs. Car toutes ces petites sucreries ne sont pas destinées à être dévorées au goûter, mais constituent des offrandes qui sont faites aux dieux lors des prières. 

Ce vendeur a accepté que je prenne son étal en photo
Ces pâtisseries sont destinées à Rama qui réside dans le temple voisin
On aperçoit sur la dernière photo une petite boîte en carton dans laquelle sont vendues les sucreries. Elles sont offertes bien emballées car c'est un cadeau que les hindous font à leurs divinités.

Une question évidente surgit à la vue de ces offrandes quotidiennes. Ne devrait-on pas nourrir les milliers d'indiens mourant de leur misère plutôt que des dieux peu cléments avec leurs fidèles ? Cette question trop souvent posée est terriblement d'actualité en Inde.
L'Inde est une contradiction permanente entre sa richesse culturelle et sa pauvreté humaine. Face à la profusion de nourriture riche sur des étals comme celui-ci traînent des corps mutilés et décharnés. L'injustice est souvent révoltante dans ce pays et c'est ce qui en fait une source d'émotions et de réflexion pour nous occidentaux.


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